Après 9 ans dans la silicon valley, Michael Amar revient en France. L’entrepreneur récompensé aux USA, est surtout connu pour la création de l’entreprise américaine Ifeelgoods qui est devenu l’un des leaders sur son secteur. Comment la France peut évoluer notamment depuis l’élection d’Emmanuel Macron ? Quelles initiatives prendre en faveur des start-up ? Peut-on rêver d’une silicon valley made in France, et où ? Réponses de l’entrepreneur aux questions de PARCOURS FRANCE.

Pourquoi ce retour en France ? Avez-vous des projets, votre décision a-t-elle été motivée par un contexte particulier ?

Après neuf ans passés dans la Silicon Valley, j’ai décidé de revenir en France avant tout pour retrouver ma famille, mes amis, mais également pour relever un nouveau challenge et montrer que cela est possible en France. Emmanuel Macron a lancé le message lorsque je l’ai rencontré avant son élection, et je me suis dit « pourquoi pas ? ». J’ai apprécié, et réussi mon aventure américaine, il était temps de rentrer. De plus, mon entreprise Ifeelgoods compte des équipes en France. Ainsi, je comptais être au plus près d’elles pour assurer notre croissance à l’international.

La Silicon Valley est le modèle souvent copié, mais jamais égalé. Quelle est la recette de son succès ?

La Silicon Valley, c’est avant tout « the place to be ». Toutes les success stories mondiales des entreprises opérant dans le digital ont commencé là-bas. Pour rentrer dans le détail, je dirais avant tout que la concentration des talents est l’un des ingrédients qui en font son succès. Vient ensuite son écosystème propice au succès, les meilleures universités du monde, les investisseurs et business angels les plus importants, et les incubateurs. Il ne faut pas oublier que si vous voulez faire un deal avec l’un des GAFA, il est important d’être sur place.

Quelles sont les villes et régions les mieux positionnées en France pour les startups, selon vous ?

Je viens seulement d’arriver, mais je pense que la région PACA a une belle carte à jouer, de par sa position géographique, son climat et son cadre de vie.Elle est également à cheval sur trois pôles labellisés French Tech, à savoir Aix-Marseille, Nice Sophia-Antipolis et Avignon. De plus, les initiatives telles que TheCamp, Marseille Innov ou encore Euromed, sont des atouts.Enfin, la moitié de la population de la région a moins de 35 ans et présente un bon niveau académique.

Je pense que la région PACA a une belle carte à jouer

La France, startup nation ou startup region / cities ? La province a-t-elle suffisamment de place pour la montée et le succès des startups ?

Aujourd’hui, presque tout se passe encore à Paris, mais à mon sens, le manque de ressources et de talents en local va favoriser un épanouissement des régions. Si les salaires sont élevés en région parisienne, le coût de la vie est proportionnel, voire supérieur. En province, les salaires sont, certes, inférieurs, mais le cadre et le coût de la vie est adapté. De plus, Paris se classe à la 11e place du top 20 du Global Startup Ecosystem Report 2017 de Startup Genome. Les autres régions possèdent les ressources humaines, académiques et économiques qui contribueront à leur épanouissement.

Y a-t-il des startups régionales qui vous ont marqué dernièrement ?

MaSmartHome, une startup de Montpellier, est un service en ligne de configuration de solutions de domotique. L’entreprise a d’ailleurs bénéficié de plusieurs dispositifs : elle est accompagnée par le BIC de Montpellier, Paris & Co, Sprint Montpellier, et est subventionnée par la région Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées. Cette startup a également gagné le Startup Weekend Montpellier de 2015.

Qu’attendez-vous de la part des décideurs locaux pour mettre en place le développement de startups ?

Les grands groupes français ont une forte tendance à travailler avec des startups pour développer d’autres compétences. Cependant, cet effort demeure insuffisant. Il faut notamment qu’ils accordent plus de budget à ce développement, afin d’offrir un meilleur accompagnement aux professionnels. Cela représente des sommes importantes. Aussi, il est important que ces groupes prennent conscience du fait que leur agilité peut être un réel investissement en faveur des startups.

La route est encore longue avant que la France atteigne le niveau des Etats-Unis, mais je pense que l’écart peut être réduit. Ce, d’autant plus que le gouvernement est assez proactif, avec notamment la banque publique d’investissement. Aujourd’hui, plusieurs dispositifs ont été mis en place pour encourager le développement de l’écosystème des startups en France. Il est important d’en exploiter le potentiel, et de se mettre en condition pour fournir plus d’efforts, tant sur le plan financier que stratégique, et en tirer profit.

 

Propos recueillis par A.C.