2957704923_bb1dd05eb7_o_optCrédit photo : Flickr (The Pug Father)

Avec une superficie de 84 000 km2, la Nouvelle-Aquitaine, issue de la fusion entre les Régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes, représente 1/7e du territoire national : elle est la plus vaste des régions françaises et affiche une puissance économique de premier plan. Elle est ainsi la 3e région économique (derrière l’Île-de-France et Auvergne Rhône-Alpes), avec un PIB de 158 milliards d’euros en 2013. Elle est aussi, pour la superficie, la première région agricole et forestière. Et occupe une position prééminente dans de nombreux domaines : viticulture, industrie aéronautique et spatiale, défense, chimie, biotechnologies, bois et papier, équipement automobile…La nouvelle région s’affirme ainsi comme l’une des plus dynamiques : la 5e, au niveau national, pour la création d’entreprises, et la 3e pour la création d’établissements industriels. Son patrimoine naturel et culturel, ses 720 kilomètres de littoral en font également une destination très prisée, qui a attiré 13 millions de touristes en 2014, soit 10 % du total national. Signe manifeste de son attractivité : entre 2007 et 2012, la population du territoire a augmenté en moyenne de 36 000 personnes par an, grâce à un solde migratoire positif.

Parmi les territoires les plus attractifs de la super-région aquitaine : la côte basque, dont la passion de la glisse, l’économie orientée high tech et green tech, le dynamisme et l’art de vivre appellent une comparaison avec la Californie.

Selon le « New York Times », c’est au Pays basque que se trouve désormais le « vrai cool ».  Dans un article paru en mars 2013,  le journaliste américain Tim Murphy clame son amour pour cette région passée, en quelques années, du statut de « station balnéaire pour bourgeois retraités » à celui « d’avant-poste branché». Tombé en amour de Biarritz et de ses environs, le journaliste rebaptise ainsi le territoire en « Californie française», marqué par un caractère «plus ensoleillé, plus sympathique et plus rustique que le reste de l’Hexagone».

«Surf spirit»

3274321844_112f2e728a_b_optCrédit photo : Flickr (Dave Young)

La Côte basque s’est instituée en paradis du surf, avec en figure de proue Biarritz, où tout a commencé dans les années 1950 : les vagues de la Grande Plage séduisent le scénariste américain Peter Viertel, alors en tournage pour le film «Le Soleil se lève aussi». Il importe le surf de sa Californie natale, suivi bientôt des Tontons Surfeurs, un mouvement précurseur ancre définitivement la discipline dans la région. Les premiers clubs voient le jour : la qualité de spots comme Les Alcyons à Guéthary, Parlementia à Bidart ou encore la Côte des Basques, à Biarritz, attirent une nouvelle génération de surfeurs. «Soudain la côte basque ne respira plus comme avant. Un vent de liberté, une nouvelle façon d’être, une nouvelle culture se mettent en place», raconte Alain Gardinier, journaliste et auteur de Surf Culture.

«Le pays basque correspond à la plus grande concentration de compétences dans le monde dans le secteur de la glisse. Il y a trois pôles mondiaux qui sont la Californie, la Côte basque et l’Australie» – François Applagnat, responsable d’Invest Basque Country

La côte basque est d’autant plus attirante qu’elle se double d’un arrière pays enchanteur, montagneux, au vert inimitable, dominé par la Rhune, et égrène le long du littoral un chapelet de ports hauts en couleur (Saint-Jean de Luz, Guéthary, …). Le «surf spirit» se greffe avec bonheur dans une culture au caractère affirmé, depuis la langue jusqu’à la gastronomie en passant par les sports traditionnels.

Une économie florissante

La Côte basque ne se «californise» pas seulement pour son mode de vie. Elle affiche un taux de chômage parmi les plus bas en France, et un solde migratoire extrêmement positif. «L’augmentation de la population de l’Agglomération Côte Basque Adour et de ses communes membres traduit le dynamisme du territoire. C’est un signe de bonne santé de ce territoire, de son attractivité. Une population plus importante signifie davantage d’activités, de ressources et cela renforce le rôle de Bayonne, capitale de l’Agglomération Côte basque-Adour», souligne Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne et ancien président de l’Agglomération Bayonne-Côte Basque Adour.

En 2015, le Pays basque a enregistré 2 060 créations d’entreprises commerciales et artisanales, en hausse de 10.2% par rapport à 2014. En plus de ces 2060 créations, 19 entreprises sont venues s’implanter au Pays basque, avec 196 emplois à la clé.

C’est que le Pays Basque a développé une économie très «hype», à la californienne, associant glisse, high tech et développement durable. A lui seul, le secteur glisse réunit 130 entreprises, qui représentent 5000 emplois directs et un chiffre d’affaires annuel d’environ 2,5 milliards d’euros. «Le pays basque correspond à la plus grande concentration de compétences dans le monde dans le secteur de la glisse. Il y a trois pôles mondiaux qui sont la Californie, la Côte basque et l’Australie. Quand on regarde de plus près, on constate qu’en Californie les entreprises de glisse sont éparpillées sur un très large secteur, de Santa Cruz à San Diego. Idem en Australie où les entreprises sont implantées sur un vaste territoire. Mais en Europe, elles se concentrent entre Seignosse et Hendaye», souligne François Applagnat, responsable d’Invest Basque Country et surfeur émérite.

18601972681_05ec1acc0c_k_optCrédit photo : Flickr (Kiri Leach)

De fait, la côte basque présente une grande concentration d’acteurs de dimension mondiale : Quicksilver à St Jean de Luz, Tribord – la filiale « sports d’eau » de Décathlon – à Hendaye, Ripcurl et  Billabong à Hossegor, O’Neill à Anglet, Rusty à Bayonne…« Entre une mer et des vagues fabuleuses, la montagne juste à côté ainsi qu’un cadre de travail agréable et accessible, nous avons tout», résume Stéphane Weinhold, ancien directeur général de Billabong Europe

Ces poids lourds aquatiques entraînent dans leur sillage une myriade de petits poissons entrepreneuriaux. «Des ingénieurs talentueux de grandes entreprises ont créé leurs propres start-up et les géants ont développé des spin-off pour retrouver de l’agilité», précise Manuel de Lara, président de l’Ocean living lab.

Pour mieux surfer sur cette vague, et mériter son surnom de Glissicon Valley, le Pays basque développe des infrastructures et des équipements où les entreprises du secteur peuvent croiser leurs expertises et perfectionner leurs technologies.

Près de Biarritz, Baïa Park accueille industries et services dans les domaines du surf, du skate et du snowboard, à 2 minutes des meilleurs spots de surf de la côte. Par ailleurs l’Agglomération Sud Pays Basque va prochainement créer, sur l’ancien site logistique de Quicksilver à Saint-Jean de Luz, une fabrique numérique de 2 500m², La Halle créative, qui mettra à disposition des acteurs de la glisse les machines et les outils (imprimantes 3D, conception assistée par ordinateur…) pour développer leurs matériels.

A Ciboure, le Fort de Socoa et ses 2500 mètres carrés de bâtiments sera également restructuré pour devenir, d’ici 2019, un campus et un laboratoire associant recherche, formation, innovation, design et marketing dans les secteurs de la mer et de la glisse. Enfin la baie d’Hendaye pourrait devenir un laboratoire vivant à grande échelle, où les start-up pourront expérimenter leurs concepts grâce à une batterie d’outils de monitoring.

Clusters et pôles de compétitivité

Avec derrière lui une longue tradition communautaire et solidaire, le Pays basque a développé très tôt une économie collaborative, structurée autour de clusters et pôles d’excellence. Parmi les principaux :

  • Pays Basque Digital, constitué d’entreprises spécialisées dans l’édition de logiciels et les services numériques à valeur ajoutée
  • Le cluster européen « EuroSima », installé à Hossegor, fédère 180 acteurs des sports de glisse, totalisant un chiffre d’affaires de 1,5 milliards d’euros.
  • Le cluster Tourisme «GOazen» met en réseau 580 entreprises du tourisme basque, dans 8 filières différentes.
  • Le cluster agroalimentaire « Uztartu », regroupant 42 membres dont 20 entreprises de transformation.
  • Le cluster dédié aux BTP, « Eskal Eureka » : 50 entreprises adhérentes et 120 projets menés à bien depuis 2002
  • Le cluster santé « Osasuna » réunit plus de 170 établissements adhérents autour de deux objectifs : offrir aux patients une meilleure offre de soins ; optimiser les conditions de travail des professionnels du secteur
  • La Technopole Izabel, implantée sur 15 hectares à Bidart, héberge une centaine de sociétés à forte dominante high tech. Elle compte notamment un incubateur, deux pépinières d’entreprises, une école d’ingénieurs et deux laboratoires. Plus de 1 500 personnes travaillent sur le site.

Incubateurs et investisseurs au rendez-vous

Non sans analogie, ici encore, avec le modèle californien, le Pays Basque mise beaucoup sur ses start-up, en favorisant l’émergence d’un réseau dynamique d’investisseurs et d’incubateurs. Pionnier du financement solidaire de proximité, la société de capital risque régionale Herrikoa a soutenu plus de 300 entreprises basques depuis sa création, en 1980, et ainsi contribué à la création ou au maintien de 3 000 emplois. Aux côtés du capital risque, les business angels font également florès sur le territoire, à l’exemple de Finaqui ou encore d’Adour Business Angels. Complémentaire du capital-risque et du business angélisme, Invest Basque Country, créé par la CCI Bayonne Pays Basque, accompagne les entreprises désireuses de s’implanter dans la région.

Autre catalyseur de croissance : les technopoles, incubateurs et autres pépinières qui maillent le territoire. A commencer par la Technopole Izarbel, implantée sur 15 hectares à Bidart. La structure héberge une centaine de sociétés à forte dominante high tech. Elle compte notamment un incubateur, deux pépinières d’entreprises, une école d’ingénieurs et deux laboratoires. Plus de 1 500 personnes travaillent sur le site. Et la côte basque continue de susciter les projets. Le toulousain Ekito vient ainsi de lancer à Saint-Jean-de-Luz Blue Builder, un accélérateur de start-up dédié aux sports de glisse. L’objectif est d’héberger environ 10 start-up par an, et de les accompagner en les connectant au monde de la French Tech.

Des start-up qui décoiffent

Dans ses domaines d’excellence (glisse, environnement, high tech…), le Pays basque a fait émerger des entreprises très prometteuses. Parcours France en a sélectionné trois :

  • Notox (pour «No Toxic») fabrique dans son atelier d’Anglet des planches de surf 100 % écologiques, à base de fibre de lin, et 100 % made in France. «Car, paradoxe pour les surfeurs qui entretiennent un lien «nature» avec l’océan, la fabrication d’une planche est une activité polluante et nocive pour la santé. Une planche de trois kilos génère six kilos de déchets non recyclables», rappelle Pierre Pomiers, co-fondateur de l’entreprise.

Pour en savoir plus sur Notox, c’est ici :

  • La Boîte Concept, fondée en 2008, a installé son laboratoire et son entrepôt dans la zone d’activité Mentaberrikoborda, à Ustaritz. Elle y conçoit des meubles hi-fi connectés haut-de-gamme et sans fil. En 2011, la start-up sort le produit qui la fait sortir de la confidentialité : le LD ou Laptop Dock, sorte de table basse tapissée d’un dessus en cuir, avec enceintes intégrés et pieds en bois. L’entreprise compte aujourd’hui 9 salariés, 110 points de vente en France, une présence dans 15 pays. Elle a réalisé, en 2015, un chiffre d’affaires de 900 000 euros.

Découvrez en vidéo La Boîte Concept :

  • Les Laboratoires de Biarritz ont été créés, en 2011, par Muriel et Jean Marc Dubois. Sensibilisé aux problématiques environnementales, le couple découvre, au fil de ses sorties en surf, les effets néfastes des cosmétiques et protections solaires sur l’écosystème marin. Aussi développent-ils une première gamme de produits solaires, Algamaris, certifiés bio, utilisant les vertus des algues, inoffensifs pour la faune et la flore marines. En 2014, les Laboratoires de Biarritz sont labellisés « Jeune Entreprise Innovante » par le Ministère de la Recherche.

Les laboratoires de Biarritz en vidéo :