5898082351_306715103e_b_optCrédit photo : Flickr (Stephanie Chapman)

Selon la dernière étude de la Direction générale des entreprises (DGE), la France est restée, en 2014, la première destination touristique mondiale, avec 83,8 millions de touristes en provenance d’autres pays (+0,2 % par rapport à 2013), devant les États-Unis (74,8 millions, en hausse de 6,8 %) et l’Espagne (65 millions, + 7,1 %). Tous les territoires ne sont cependant pas égaux devant cet afflux. Selon l’INSEE, trois régions concentrent la moitié des recettes touristiques : l’Île-de-France et son patrimoine culturel et architectural, Provence-Alpes-Côte d’Azur et son littoral, Auvergne-Rhône-Alpes et ses stations de ski. Mais beaucoup d’autres tirent leur épingle du jeu et affichent une forte croissance touristique, grâce à une politique innovante, à la création d’événements ou au développement de certains créneaux de marché. Parcours France vous emmène à la découverte de territoires et d’initiatives qui font décoller le tourisme local.

Le troisième épisode de notre saga est dédié aux régions qui développent de nouvelles formes de tourisme… ou revisitent les anciennes.

La France accueille chaque année plus de 80 millions de touristes, et les régions s’efforcent d’attirer et de retenir une part croissante de cette manne. Toutes n’ont pas le Mont Saint-Michel, le Palais des Papes ou le Château de Chambord pour aimanter les flux de voyageurs, et beaucoup explorent des créneaux innovants, voire alternatifs, pour se positionner sur certains segments de clientèle et développer leur notoriété.

Biot se met au tourisme créatif

20711504869_f989317c7f_k_optApprendre à souffler le verre, une nouvelle forme de tourisme créatif. Crédit photo : Flickr (Philip Haslett)

Finis la sieste et les apéros, le farniente, les heures à somnoler sur la plage, le hamac qui tangue au rythme des grillons : le touriste créatif se veut avant tout un faiseur. Il s’initie, travaille, fabrique des objets, s’exerce à une activité artistique, et au travers de cette débauche expressive noue des liens avec ses homologues et avec la population locale. «Le tourisme créatif en appelle avant tout à l’authenticité et à la créativité des personnes qui conçoivent l’offre. Et j’insiste sur le terme « personnes » car en effet, bien que leur commercialisation requière une expertise professionnelle, celle-ci ne doit pas se supplanter à l’émotion générée par la transmission de connaissances, de savoir-faire, voire la co-création entre locaux et voyageurs. Il s’agit bien sûr de critères subjectifs, mais qui renvoient à la recherche d’authenticité, d’originalité et une grande empathie pour ces «touristes-alter ego» !», explique Caroline Couret, co-fondatrice de Creative Tourism Network, un réseau qui coordonne, structure et anime les offres de tourisme créatif à travers le monde. Parmi les pionniers en la matière, le village de Biot, dans les Alpes Maritimes, a développé une offre de tourisme créatif qui propose aux touristes de partager le quotidien de l’un des 400 artisans ou artistes du cru, pendant une heure, un jour ou une semaine, avec pour finalité la création d’une œuvre ou d’un objet : souffler le verre et former un vase, transformer des bijoux démodés, illustrer l’histoire racontée à ses enfants, sculpter le métal…Autant de possibilités qui ont valu au village de nombreuses retombées médiatiques, et une nouvelle vague de voyageurs au pouvoir d’achat conséquent, à la croisée de mouvements branchés – bobo, «Do it yourself» et tourisme collaboratif, pour schématiser. La commune a également attiré les comités d’entreprise de grands groupes – comme celui de la Caisse d’Épargne – ravis de proposer à leurs salariés une alternative originale au traditionnel village vacances.

La Dordogne attire les glampeurs

Crédit photo : Flickr (Roderick Eime)

Le glamping, c’est la contraction de «glamorous camping» : une offre d’hébergement et de séjour proche de la nature, «éco-touristique», si possible insolite, dans des conditions de confort et d’agrément supérieures. Yourtes, tipis, tentes sahariennes, maisons arboricoles, roulottes et autres caravanes rétro, toutes savamment aménagées, fleurissent dans les régions comme pâquerettes au printemps. La Dordogne, avec sa nature plantureuse, fait partie des territoires à la pointe du glamping. A Milhac-de-Nontron, deux jeunes entrepreneurs ont ainsi reconverti un ancien village vacances, étendu sur 23 hectares de verdure et de forêt, en paradis pour glampeurs, parsemé de cabanes de pêcheurs et de chalets lacustres, baptisé Parenthèses imaginaires. Des Valades (à Coux-et-Bigaroque) aux Cabanes de Jeanne (à Saint-Amand-de-Coly) en passant par Bazange (à Monfaucon du Périgord), le glamping a essaimé sur tout le territoire. « On cherche à attirer une clientèle qui n’irait pas forcément vers le plein air pour passer ses vacances », indique Céline de Angéli, propriétaire du domaine de Bazange. Et les campings traditionnels suivent le mouvement, en développant sur leur site une offre «glamour».

Découvrez ici un site de glamping (Huttopia Lanmary) en Dordogne

Les Pays de la Loire misent sur le tourisme industriel

C’est un effet secondaire de la vogue du «Made in France» : le tourisme industriel monte en puissance. En 2014, quelques 5 000 entreprises – dont 95 % sont des TPE/PME – ont ouvert leurs portes aux touristes, pour un total de 13 millions de visites. «L’objectif premier est l’échange direct avec un professionnel qui va parler de son savoir-faire et montrer son quotidien in situ. Certaines entreprises proposent un parcours complet dans le processus de production : des coulisses au spectacle pour une soirée au théâtre, de Rungis à l’assiette aux côtés d’un restaurateur, de la feuille de tôle à la sortie du véhicule sur la piste d’essai dans une usine Peugeot…Au final, la variété des visites contribue à promouvoir le territoire en s’appuyant sur les caractéristiques du département, à faire valoir ses atouts, et à montrer l’évolution des savoir-faire», souligne Luc Fauchois, président de l’Association des visites d’entreprise.

«L’objectif premier du tourisme industriel est l’échange direct avec un professionnel qui va parler de son savoir-faire et montrer son quotidien in situ. Certaines entreprises proposent un parcours complet dans le processus de production…Au final, la variété des visites contribue à promouvoir le territoire en s’appuyant sur les caractéristiques du département, à faire valoir ses atouts, et à montrer l’évolution des savoir-faire» – Luc Fauchois, président de l’Association des visites d’entreprise.

Les collectivités et les acteurs économiques des Pays de la Loire, par exemple, se sont organisés en réseau – intitulé «Visitez nos entreprises en Pays de la Loire» – pour développer le tourisme industriel sur le territoire. Fabrication du Cointreau, construction des paquebots à Saint-Nazaire, Salines de Guérande, Faïenceries d’Art de Malicorne , champignonnières Le Saut aux Loups…La région offre aujourd’hui à la visite une grande variété de sites artisanaux, industriels, agricoles et agro-alimentaires – une soixantaine au total – qui attirent chaque année plus de 400 000 touristes. «Pour une entreprise, cette nouvelle forme de tourisme présente de multiples intérêts : faire connaître ses produits et ses savoir-faire, valoriser ses métiers, développer son ancrage territorial, ou encore développer du chiffre d’affaires pour celles qui disposent d’une boutique à la sortie», explique Laurence Seeten, présidente de l’association «Visitez nos entreprises en Pays de la Loire».

Découvrez ici la visite d’entreprise telle qu’elle est conçue chez Airbus Saint-Nazaire


Airbus obtient le label destination tourisme par OuestFranceFR

L’Ardèche en leader du tourisme vert

17545802364_aef5236fd4_k_optCrédit photo : Flickr (Martin Stone)

Certes, plus aucun territoire ne promeut de tourisme qui ne soit durable, vert, éco-responsable. Mais certains en font beaucoup plus que d’autres en la matière. L’Ardèche est parmi ceux-là.

Depuis 2007, le département construit et renforce sa filière éco-touristique. Celle-ci compte aujourd’hui une cinquantaine de prestataires, dans tous les domaines (hébergement, restauration, agences de voyage, sites touristiques…), régulièrement évalués sur la base d’un référentiel rigoureux et multicritères : protection de l’environnement, utilisation de produits locaux, énergies renouvelables, durabilité des emplois, accessibilité handicap… L’Agence de Développement Touristique de l’Ardèche (ADT Ardèche) qualifie, structure et valorise cette filière au travers d’une politique de labellisation, avec notamment l’Écolabel européen et des certifications thématiques, comme «Vignobles et Découvertes» pour l’oenotourisme, «Villages de Caractère» et «Pays d’art et d’Histoire» pour le patrimoine, «Accueil Vélo» pour le cyclotourisme. Une démarche complétée par une politique de transport durable. Chaque jour, en été, 5 lignes de navettes desservent les grands sites touristiques du territoire, à un tarif très incitatif.

Et le Train de l’Ardèche fait le plein de touristes, transportés le long des gorges du Doux. Le Département a également mis en œuvre un schéma vélo très ambitieux. Il est -entre autres- partie prenante du grand projet ViaRhôna, reliant par itinéraire cyclable le Lac Léman à la Méditerranée en longeant le fleuve Rhône. Une promenade d’environ 650 km, dont 84 en Ardèche. Les collectivités locales développent par ailleurs la «Dolce Via», reliant sur 75 km de voies douces la Voulte-sur-Rhône à Saint-Agrève. Avec ces nouveaux investissements, un réseau comptant aujourd’hui plusieurs centaines de km de voies cyclables et la plus grande course cyclosportive d’Europe – L’Ardéchoise –  le département fait partie des territoires les plus «vélo-friendly» de France. Les deux-roues contribuent à l’avancée du tourisme sur le territoire. En 2015, l’Ardèche a accueilli 2 millions de visiteurs, en progression de 11 % par rapport à 2014.